Le duc de Lorraine Stanislas Leszczynski fut une personnalité atypique du 18ème siècle. Des desserts qu'il a inspirés à ses citations philosophiques, découverte de quatre facettes méconnues de ce personnage.
Aujourd’hui le roi Stanislas est surtout connu grâce à la place nancéienne qui porte son nom.
C'est l'une des plus belle place d’Europe, classée au patrimoine mondial de l'Unesco.
Figure historique associée au rattachement de la Lorraine à la France, le monarque chassé par deux fois du trône de Pologne mérite d'être mieux connu.
Une éducation spartiate
Loin des fastes de la cour qu’il connaîtra bien plus tard, le jeune Stanislas Leszczynski, futur duc de Lorraine est élevé à la dure.
Son père voit là une façon de redonner la santé à ce fils malingre et souffreteux.
Pour l’endurcir, il lui fait endurer des privations et le fait dormir sur une paillasse.
Parallèlement il l’initie à l’équitation et au maniement des armes.
Dans son livre Stanislas le roi philosophe André Rossinot ancien maire de Nancy revient sur cet épisode :
Un gastronome couronné
Gourmand et gourmet, le nom du duc de Lorraine est associé à plusieurs desserts. Pour satisfaire leur maître ses cuisiniers rivalisaient en effet d'imagination.
L'histoire raconte que Stanislas ne trouvait pas le Kouglof à son goût. Il jugeait la pâtisserie alsacienne trop sèche.
Pour l'attendrir il la fit arroser de vin Tokay qui sera plus tard remplacé par du rhum.
Le mélange biscuit alcool devient le fameux baba au rhum consommé au château de Lunéville à partir de 1737.
Aujourd'hui ce dessert fait figure de classique de la gastronomie lorraine.
A Nancy, la boulangerie pâtisserie Gwizdak perpétue la tradition du 18ème siècle avec sa recette du Baba au rhum.
Egalement très présent sur la table du roi : le melon dont il était particulièrement friand.
Croisement des variétés « NOIR des CARMES » et « PRESCOTT » sa peau est de couleur verte et noire, il peut peser jusqu’à 2,5 Kg.
Sur son site, La Société d'Horticulture de Luneville raconte cette page d'histoire :
A l’époque de Stanislas, grand gourmand de ce fruit, les melonnières, bénéficiant du fumier de cheval fournis par la cavalerie de la place, proliféraient à Lunéville. Celle du Duc de Lorraine, dont les jardins se trouvaient le long de la Vezouze, en amont du pont de l’an 2000 et dont il reste quelques vestiges, était un exemple du véritable engouement pour la culture de se délicieux cucurbitacée introduit en France au XVI° siècle.
En conservant les graines de melon les jardiniers de la société d'horticulture ont permis la préservation de cette variété rare à Lunéville.
Autre gourmandise royale, la célèbre madeleine de Commercy.
Elle fut inventée au château de Commercy, l'une des résidences de Stanislas Leszczynski, en l'absence du cuisinier du roi.
C'est la jeune soubrette Madeleine Paulmier qui confectionna des cakes faciles à manger par un Stanislas édenté qui avait passé la soixantaine.
Conquis, le duc de Lorraine leur donna ensuite le nom de madeleine pour lui rendre hommage.
Un roi philosophe
Il faut un peu d'artifice pour se faire aimer. L'amitié seule n'inspire pas toujours de l'amitié.
Voici l'une des citations de Stanislas Leszczynski. Le duc de Lorraine est l'auteur de nombreuses citations philosophiques.
Un florilège de ses bons mots est proposé sur le site proverbes français.
Ouvert aux idées de son temps, le souverain était soucieux du bien-être de ses contemporains pour lesquels il a beaucoup oeuvré en créant par exemple un orphelinat à Nancy ou en contribuant au développement des hôpitaux.
Le guide touristique nancéien Jan Jaap De Weerd explique que Stanislas Leszczynski, honni à son arrivée en Lorraine séduit progressivement son peuple car il était philosophe et bienfaisant :
L'inscription sur sa statue « A Stanislas le Bienfaisant, la Lorraine reconnaissante », les lorrains la connaissent mais peu de gens savent vraiment pourquoi. Stanislas voulait vraiment aider les plus pauvres. Ainsi il fut l'un des premiers à créer un système d'aide pour les agriculteurs.
Un homme à femmes
Le roi de Pologne a toujours été bien entouré.
En dehors de sa femme la duchesse de Lorraine Catherine Opalinska avec laquelle il convole en 1698 et dont il aura deux filles, Anne et Marie, il eut de nombreuses maîtresses.
Avant son arrivée en Lorraine, la plus régulière d'entre elles fut sa jeune cousine Catherine Jablonowska, cette relation dura 5 ans.
A Lunéville, la cour est réputée pour ses moeurs légères, ce qui vaut au roi le courroux de sa fille la reine de France Marie Leszczynska.
La jeune Madame de Boufflers fait une entrée remarquée à Lunéville en 1745 et trouve une place de maîtresse attitrée auprès du duc de Lorraine.
A cette époque la dame qui partage ses faveurs se surnomme elle-même "la dame de volupté", elle compose même son épitaphe :
Ci-gît, dans une paix profonde
Cette dame de volupté
Qui pour plus de sûreté
Fit son paradis dans ce monde.
Les formes volupteuses des créatures qui ornent les fontaines de la place Stanislas auraient été inspirées par la marquise de Boufflers.
Les lieux emblématiques de la présence de Stanislas en Lorraine
- Le château de Lunéville surnommé le petit Versailles lorrain. Le roi déchu y vécut comme un monarque. Il le fit aménager à sa guise s'entourant des meilleurs artistes et artisans de son époque : l'architecte Emmanuel Héré et le ferronier Jean Lamour.
- Le château de la Malgrange, résidence secondaire, là encore c'est Emmanuel Héré qui est chargé de construire un nouveau château.
- Le château de Commercy fut l'une des résidences favorites de Stanislas.
- L'église Notre-Dame de Bonsecours où se trouvent les tombeaux du duc et de la duchesse de Lorraine ainsi que le coeur de Marie Leszczynska, fille de Stanislas et reine de France.